On suppose que votre accés à l'Internet repose sur le principe le plus couramment rencontré de nos jours : une connexion au réseau d'un fournisseur d'accés via une liaison PPP au dessus d'une liaison série. Le courrier qui vous est destiné est récupéré auprés d'un serveur POP ou IMAP tandis que le courrier sortant est transmis via SMTP. Comme vous ne possédez pas de nom de domaine, tout doit transiter par la même adresse.
On suppose vous avez déjà installé une version récente du sendmail d'Eric Allman. A l'écriture de ces lignes, la version courante est la 8.8.8. Elle devrait fonctionner sans problèmes.
Le texte fait parfois référence à certaines spécificités des distributions GNU/Linux de Debian. Les utilisateurs de systèmes différents adapteront.
Vérifiez que vous disposez bien des informations suivantes :
On attend de la configuration à venir :
Pour atteindre cet objectif, on utilisera la fonctionnalité
genericstable
de sendmail.
On regroupe tous les fichiers de configuration de sendmail dans un
répertoire particulier sous /etc
: /etc/mail
. Sendmail
s'attendant à les trouver en /etc
, /etc/sendmail.cf
sera
un lien symbolique vers /etc/mail/sendmail.cf
.
On trouvera dans /etc/mail
:
aliases
- des adresses supplémentaires genericsdomain
- diverses informations sur la configuration du
systèmegenericstable
- règles de traduction sendmail.cf
- fichier de configuration de sendmailsendmail.mc
- la matrice du sendmail.cf
.Certains de ces fichiers s'accompagnent de fichiers .db
contenant
les bases de données hachées que sendmail utilise directement.
L'arborescence d'origine de sendmail est censée se trouver en
/usr/lib/sendmail.cf
ainsi que c'est le cas avec les
distributions GNU/Linux Debian. Reportez vous à la documentation de votre
distribution si celle-ci diffère.
La configuration de Sendmail repose sur un ensemble de règles assez
complexes. Bien que cela puisse s'avérer trés puissant, il n'est pas courant de
fabriquer ex-nihilo un sendmail.cf
. Il faudrait de surcroit y passer
pas mal de temps. Si vous êtes motivé, lancez vous dans la lecture de
la bible disponible chez O'Reilly.
Au lieu de forger à la main les règles, on utilise le pré-processeur de
macros m4
pour fabriquer un fichier de configuration à partir des
éléments préts à l'emploi qui sont fournis avec sendmail.
Jetons un oeil sur les premières lignes du sendmail.mc
:
include(/usr/lib/sendmail.cf/m4/cf.m4) VERSIONID(`sendmail.mc - roessler@guug.de') OSTYPE(debian) define(`ALIAS_FILE',`/etc/mail/aliases')
Tout d'abord, on inclut cf.m4
. Ce fichier m4 contient de
nombreuses macros utiles pour la suite. Ne vous trompez pas dans les chemins
d'accès.
Ceux que nous donnons ici correspondent typiquement à un système GNU/Linux
Debian. La macro OSTYPE
positionne les valeurs par défaut de certaines
variables. Si vous n'utilisez pas une Debian, remplacez ici "debian" par
"linux". ALIAS_FILE
fournit à sendmail l'emplacement du fichier d'alias.
Les lignes suivantes forcent l'utilisation des fonctionnalités
genericstable
et précisent où trouver les fichiers nécessaires :
FEATURE(masquerade_envelope) FEATURE(genericstable, `hash -o /etc/mail/genericstable') GENERICS_DOMAIN_FILE(`/etc/mail/genericsdomain')
masquerade_envelope
réclame qu'une mise en forme du type en-tête soit
appliquée à l'enveloppe des messages à expédier. Est concernée l'adresse vers
laquelle les agents de transport extérieurs dirigeront leurs messages
d'avertissement ou leurs avis d'échecs. Les fichiers generics*
seront
détaillés plus loin.
A présent, on définit un hôte intelligent ( "smart agent" ), c'est à dire une machine capable de gérer le courrier sortant à notre place. Il ne s'agit pas nécessairement des serveurs POP ou IMAP de l'ISP. La hotline vous aidera le cas échéant à dissiper les doutes.
define(`SMART_HOST',`relai-de-sortie.mon.fournisseur')
Les deux dernières lignes incluent les définitions des "mailer" grâce auxquels sendmail détermine comment manipuler les différents types de courrier :
MAILER(local) MAILER(smtp)
Pour générer le fichier sendmail.cf
à partir du sendmail.mc
,
exécutez les commandes suivantes en tant qu'utilisateur root :
# m4 sendmail.mc > _sendmail.cf # mv -f _sendmail.cf sendmail.cf
m4
dans un
fichier temporaire avant de l'installer au bon endroit. On évite ainsi que
sendmail ne lise des fichiers de configuration incomplets !
On commence par préciser à sendmail les adresses à considérer comme
locales. Pas de difficultés : rentrez le nom complet de votre
machine dans le fichier /etc/mail/genericsdomain
. Pour
obtenir ce nom, exécutez la commande suivante :
$ hostname -f
Passons aux règles de reécriture proprement dites :
/etc/mail/genericstable
. Ce fichier est formé de deux colonnes
séparées par des blancs. La première contient les adresses locales et la
seconde les adresses électroniques qui doivent être employées à la place.
Le fichier devrait ressembler à ça :
harry harryx@mon.fai maude maudey@son.fai root francois@mon.fai news francois@mon.fai
Il devrait y avoir une entrée pour chaque compte sur la machine isolée de façon à ce que le courrier sortant du système comporte des informations d'en-tête correctes.
Afin d'améliorer les performances, sendmail n'utilise pas directement ce fichier mais une version hachée. Pour la créer, exécutez la commande suivante :
# makemap -r hash genericstable.db < genericstable
Notez que les règles issues de genericstable
ne s'appliquent pas
au courrier local ni à celui que vous recevez de l'extérieur. La traduction
n'a lieu que si un message est transmis au relai de votre FAI.
Le fichier d'alias contient des adresses supplémentaires qui ne sont
valables que pour les messages locaux. Ceci s'avère utile pour les comptes
de maintenance tels root
qui reçoivent des messages créés automatiquement
par le système d'exploitation.
Le point de départ d'un /etc/mail/aliases
pourrait
ressembler à ça :
root: francois news: root postmaster: root mail: root www: root nobody: /dev/null MAILER-DAEMON: nobody
Dans l'exemple ci-dessus, le courrier à destination des utilisateurs
root
, news
, postmaster
, mail
, et www
sont renvoyés
vers francois
, tandis que ceux pour nobody
et MAILER-DAEMON
seront redirigés vers le /dev/null
.
De même que le genericstable
, le fichier aliases
peut contenir
beaucoup de données. Comme il serait inefficace que sendmail utilise
le fichier texte tel quel, le mécanisme employé pour le genericstable
s'applique encore : on génère une base de données hachée. Au lieu de la
commande makemap
, rentrez cette fois la commande newaliases
. Tout
fonctionne automagiquement.
Les sources de sendmail sont fournies avec une documentation abondante.
Lisez la donc, et étudiez plus particulièrement le fichier
/cf/README
.
Si vous souhaitez explorer davantage les options de configuration de sendmail, procurez vous la référence en la matière par Bryan Costales, Eric Allman et Neil Rickert : "Sendmail" ( O'Reilly, 1993 ).